L’histoire de la raffinerie

La raffinerie de Frontignan est située en bordure de la mer Méditerranée, à 5 km du port de Sète.

En 1904 le préfet de l'Hérault a autorisé la construction d'un dépôt d'huiles et d'essences avec atelier de distillation et de rectification par la Compagnie Industrielle des Pétroles.

La raffinerie a été bâtie sur des étangs remblayés au fur et à mesure des besoins.

Le pétrole brut était acheminé par des pétroliers jusqu'au port de Sète puis jusqu'à la raffinerie dans des fûts de bois sur des chalands tirés par des chevaux.

A ses débuts, la raffinerie occupait une surface de 4 ha avait une capacité de traitement de 14 000 tonnes de pétrole brut par an. Elle produisait de l'essence pour les automobiles et du pétrole lampant pour les lampes qui servaient à l'éclairage.

Pendant la première guerre mondiale la raffinerie assura le ravitaillement du pays et de l'armée française en carburant.

En 1930 la raffinerie s'agrandit sur 10 ha et augmenta sa capacité de production à 150 000 tonnes par an.

Les expéditions de produits finis étaient assurées par des péniches sur le canal et par voie ferrée. L'usine possédait son propre bassin pour héberger les bateaux. Les livraisons dans la région se faisaient par camions citerne.

Au début de la seconde guerre mondiale, la raffinerie de Frontignan pouvait traiter 250 000 tonnes de pétrole brut par an.

Pendant la seconde guerre mondiale, le 25 juin 1944 à 10 heures du matin, la raffinerie a été bombardée. 

Les dégâts liés au bombardement furent importants. La raffinerie a été en grande partie détruite. Cette destruction est en grande partie responsable de la pollution présente sur site.

Au total, 54 impacts de bombes de 500 livres ont été retrouvés sur le site.

En 1945, la raffinerie a été rapidement reconstruite car elle était la seule raffinerie en France à produire des huiles de graissage.

En 1948, le premier oléoduc de diamètre 12 pouces sous-marin d'Europe est construit en Méditerranée. Il permet aux pétroliers en mer de décharger leur brut pour la raffinerie de Frontignan à distance de la côte.

En 1949, la Compagnie Industrielle des Pétroles devient la Socony Vaccum Française.

En 1950 le Thermofor Cracking Catlytic est construit. Il porta la capacité de raffinage à 1 000 000 tonnes par an.

En 1955 la Socony Vaccum Française devient la Mobil Oil Française avec son Pégase comme emblème.

En 1964 un second sea-line de diamètre 28 pouces est construit. Il permet de multiplier par 6 la capacité de déchargement.

En 1970 la raffinerie s'étend et se modernise. Elle porte la capacité de raffinage à 4 000 000 tonnes par an puis à 6 000 000 tonnes par an en 1972. En 1974 un troisième sea-line de diamètre 44 pouces est construit. La capacité de transfert est triplée.

En 1985 la raffinerie occupait plus de 90 ha et sa capacité de production était toujours de 6 000 000 tonnes par an.

En 1986, la raffinerie ferme. 

Des travaux de démantèlement et réhabilitation ont été réalisés entre 1986 et 1990. Les unités et bacs de stockage ont d'abord été assainis et les hydrocarbures qu'ils contenaient éliminés. Puis les installations ont été démolies ou démontées ainsi que les bâtiments non réutilisés. 35 000 tonnes de matériaux ont été éliminées. Seules les installations au-dessus du sol ont été démolies. Les fondations et les tuyauteries enterrées sont restées en place après mise en sécurité (vaporisation des hydrocarbures) et comblement par du sable.

Des sondages ont été réalisés selon un maillage de 25 m x 25 m. Des tranchées ont été creusées à proximité des forages présentant des traces d'hydrocarbures. Un système de rabattement de nappe a été mis en place. Les hydrocarbures présents en surface au droit des tranchées ont été aspirés. Les tranchées ont été remblayées après 3 mois d'absence d'hydrocarbures. La moyenne de récupération du produit pur de 1986 à 1990 a été de 20 m3/mois. 

Les terres constituant les merlons de protection des bacs ont été utilisées pour niveler le site.

La partie sud du site (80 ha) a été clôturée et reconvertie en centre d'approvisionnement et de distribution. Elle est actuellement exploitée par GDH.

En 1992, la partie nord du site (11 ha) ainsi que la torchère (2 ha) ont été vendues à la ville de Frontignan pour un usage industriel exclusivement. N'ont été conservés que les bâtiments situés à l’entrée du site (accueil et poste sécurité), le bâtiment administratif, le magasin et l'atelier.

En 1995, la ville a inauguré un bâtiment qu'elle a construit au centre du site abritant la cuisine centrale. En 2003, elle a agrandi la cuisine et a retrouvé des hydrocarbures dans le sous-sol.

En 2005, débute une phase d'études et d'investigations de manière itérative menées par Esso venue aux droits de Mobil Oil Française.

Une centaine de sondages et piézomètres ont été réalisés permettant d'avoir une connaissance suffisante de l'état du sous-sol. Les études ont conclu sur la présence d'impacts en hydrocarbures et arsenic dans les sols et la nécessité d'effectuer une réhabilitation complémentaire y compris sous les deux hangars (ancien magasin et atelier de la raffinerie) qui devront être démolis.

En 2015, un plan de gestion a été rédigé et en 2016 un arrêté préfectoral de réhabilitation complémentaire est transmis à Esso. Du fait de la présence potentielle d'objets pyrotechniques non explosés et de la présence de fondations en béton armé dans le sous-sol empêchant la sécurisation pyrotechnique, la seule technique possible pour retirer les impacts est l'excavation et le traitement des terres excavées sur site ou hors site.

En accord avec la ville, il a été décidé que les travaux ne pourraient démarrer tant que le site serait en activité (cuisine centrale, cantine scolaire, services techniques municipaux) et qu'il fallait les déménager.

En 2017/2018, afin de de définir le plan de phasage des travaux, un diagnostic est réalisé selon un maillage de 10 m x 10 m sur la partie du site non occupée par la ville. Un sondage est réalisé à la pelle mécanique au centre de chaque maille. 750 sondages sont réalisés jusqu'à 5 m de profondeur permettant d'obtenir la première partie du plan de terrassement. Outre les hydrocarbures, des impacts en plomb sont mis en évidence dans les sols et ont été intégrés dans le projet de réhabilitation.

La problématique des nuisances olfactives avait déjà été identifiée lors des premiers sondages, mais lors de cette phase très dense de sondages, elle est réapparue de façon plus importante. Esso oriente alors la recherche d'une méthode de conduite de travaux permettant de limiter les nuisances. Ceci conduit à l'utilisation de tentes de confinement. 

En 2019, des travaux de VRD sont entrepris à l'entrée du site avec la création d'un rond-point permettant le retournement des bus scolaires ainsi qu'un quai bus devant le lycée Maurice Clavel. L'ancien terrain de tennis de la raffinerie est réhabilité et aménagé en parking.

En 2020/2021 un test pilote d'excavation sous tente est réalisé par Serpol/Suez afin de valider la possibilité d'utiliser une tente de confinement gonflable déplaçable facilement et l'efficacité du système de traitement de l'air.

En 2021, le bâtiment abritant la cuisine centrale et la cantine scolaire est démoli.

En 2022, les services techniques sont déménagés.

En 2021/2022, la seconde partie du diagnostic de sol selon le maillage 10 m x 10 m est réalisée. Les réseaux enterrés sont abandonnés et 359 sondages supplémentaires sont réalisés permettant d'achever le plan de terrassement.

En 2022, un Plan de Conception des Travaux est rédigé par Antea Group, il définit le programme et les modalités de réalisation des travaux réhabilitation pour rendre le site compatible avec un usage industriel. Basé sur le plan de terrassement, il est prévu de retirer environ 170 000 m3 de terres impactées en hydrocarbures, plomb et arsenic. La même année, un arrêté préfectoral de prescriptions complémentaires applicables à la remise en état du site est émis.

En 2022, Esso sélectionne Antea Group en tant que maître d'œuvre et Séché Eco Services pour la réalisation des travaux de réhabilitation.

En Août 2022, la base vie du chantier de réhabilitation a été installée.

Entre septembre 2022 et janvier 2023, les installations de chantier sont montées :

• la tente d'excavation (tente gonflable déplaçable)
• la tente de criblage et de stockage (tente conventionnelle)
• les unités de traitement d'air des tentes
• l'unité de traitement des eaux
• le pont-bascule
• le lave-roue pour les camions
• l'aire de concassage
• les aires de stockage des terres non odorantes
• le parking

Lorsque les conditions de vent sont favorables, des excavations sont réalisées hors tente en bordure de site, là où la tente ne peut être mobilisée.

Les premières excavations sous tente ont eu lieu en février 2023.

Les tentes équipées d'unités de traitement d'air sont efficaces pour limiter les nuisances autour du chantier.

30 mailles de 10 m x 10 m peuvent être terrassées sous la tente d'excavation.

Des pelles-mécaniques et des tombereaux sont utilisés pour terrasser et transférer les terres non humides de la tente de terrassement vers la tente de stockage. Les terres excavées humides sont évacuées directement au centre agréé par semi-remorques.

Les bétons de plus grande taille sont triés et dirigés vers l'aire de concassage pour pouvoir être réutilisés en remblaiement.

Sous la tente de stockage, les terres sont criblées, les refus bétons et calcaires sont dirigés vers le concasseur et les fines sont évacuées par semi-remorques en centre agréé.

En avril 2023, la tente gonflable a été déplacée pour la première fois.

Des treuils et des câbles permettent de tirer la tente qui pèse environ 60 tonnes.

Un franc succès et un défi de taille pour les équipes travaux de Séché Eco Services !

La tente se déplace en 10 min mais avant cela il faut retirer l'unité de traitement d'air, déplacer le ou les sas, déplacer les 120 blocs de lestage de 5 tonnes chacun, installer des barres de traction qui sont reliées aux 5 treuils par des câbles. 

Il faut environ 1 à 2 semaines de préparation puis de remontage par déplacement de tente. La tente sera déplacée 17 fois pendant la durée du chantier.

Après des phases successives de désamiantage en 2023, les travaux de démolition des hangars ont été réalisés en décembre 2023.

Les matériaux issus de la démolition ont été revalorisés.

En janvier 2024, les travaux de la zone nord du site sont terminés. 

La zone a été restituée à la ville qui réalise des travaux d'aménagement. 

La tente a été déplacée de 100 m de long pour se positionner sur la deuxième ligne. 

C'est une première pour une tente de cette envergure (120 m x 50 m) et de 60 tonnes.

Elle va ensuite se déplacer latéralement vers le canal.

Pour les limiter les nuisances, les installations fixes pouvant générer des odeurs, ont été déplacées le plus au sud sur la zone déjà traitée.

La tente de stockage a été déplacée entre mars et juillet 2024.

L'unité de traitement des eaux a également été déplacée. Une cuve supplémentaire de capacité de 1 000 m3 a été installée en prévision d'arrivées d'eau plus importantes au nord du site.

Les travaux de réhabilitation devraient s'achever au premier semestre 2026.